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Dans le cadre du projet sur lequel je passe la plus grande partie de mon temps, j'ai été invitée à participer à un team building de 3 jours, dont la destination en a rendu jaloux plus d'un au bureau. Mardi matin, levée de bonne heure, mais pas trop, le vol pour Oslo étant à 8h20... Seulement quand je suis arrivée à l'aéroport, le panneau des départs était vide et quand j'ai voulu m'enregistrer, la machine m'a froidement annoncé que mon vol était retardé. Il partirait à 10h50! Sachant que la correspondance à Oslo serait déjà partie à ce moment, j'ai senti la même vague de panique que quand je m'étais réveillée à 5h pour un départ pour les Carpates à 5h avec un rendez-vous à l'autre bout (du centre) de Strasbourg...
Premier réflexe: Y a t'il un autre vol entre temps? Oui, il y a un vol Norwegian qui est en train d'embarquer. Bon, comment je fais pour changer ma réservation maintenant? Help, Andreas (au tel): tu as le numéro de l'agence de voyage? et dans l'intervalle, 2e réflexe: aller voir le guichet SAS où j'apprends que l'aéroport a quelques problèmes ce matin mais que finalement mon vol n'a que 20 minutes de retard. Ouf!
A la porte d'embarquement, je retrouve du monde: Jorunn et Steinar font partie des chanceux aussi. A Oslo, le sort ne m'abandonne pas comme ca: quand je me présente à l'embarquement, l'agent SAS prend un air embêté et appelle son chef qui part pianoter sur un autre ordi en me disant: "je suis désolé, il y a déjà quelqu'un à votre place"... Ah non, hein, je veux monter dans l'avion, moi! Il revient deux minutes plus tard: "je vous ai changé de place, je suis désolé pour le désagrément" et hop, me voilà en classe business... seule du groupe avec le chef du chef du chef de mon chef... un peu gênée quand même.
Bon, voilà pour le voyage, où du coup, je suis la seule à avoir à manger... et puis à l'arrivée: surprise! Nos sommes 51! Je n'en reviens pas qu'on soit si nombreux. Comme l'après-midi est consacré à des présentations des travaux des différentes équipes, je comprends vite pourquoi il y a tant de gens que je n'avais jamais rencontré dans mon sub-projet. En soirée, je convainc Enrique, Torbjørn et Jan Ove d'aller faire un tour avant le resto.
"Leifr Eirikson, fils d'Islande, qui découvrit l'Amérique en l'an 1001.", et Jan Ove de rigoler "chez nous on dit fils de Norvège!" En réalité, son grand-père était norvégien, mais il avait été banni suite à un meutre et était venu s'installer en Islande. Son fils, Erik le rouge, meurtrier à son tour quittera l'Islande pour le Groenland. Et finalement, c'est au départ du groenland que Leif découvrit le Vinland et y installa un camp.
Reykjavik, la baie des brumes à la lumière du soir... Røyke veut dire fumer et vik désigne une baie en norvégien comme en islandais.
Au programme du lendemain: le plus intéressant! On part pour une journée d'excursion. Au programme le "golden circle" ou "grønn sirkel" (allez savoir pourquoi l'or devient vert en norvégien). On rejoint d'abord la boutique de souvenirs d'où quelques-uns ressortent avec des T-shirts représentant une queue de baleine plongeant sous le slogan "kill 'em all!", en riant "comme des baleines". Peu après, on aperçoit les premières fumerolles. C'est assez fou de voir la fumée sortir de la neige... et voilà pour les collègues qui faisaient la moue quand je leur disais que l'eau est bouillante à quelques dizaines de mètres à peine dans toute la région et que c'est pour ca qu'il y avait des serres à bananes à côté de la boutique souvenirs...
Nous arrivons enfin à Þingvellir, la plaine du parlement. C'est ici, dans la plaine du rift, entre Europe et Amérique qu'a été fondé, en 930 la première assemblée parlementaire (Alþing) de l'île qui a par la même occasion adopté un code de loi "constitutionnel". Ce parlement était (et est toujours) une assemblée législative, mais il possèdait aussi un pouvoir judiciaire. Une fois par an, les goðar (chefs de clans) rassemblaient leur gens pour venir participer à l'assemblée, où le tribunal jugeait les désaccords, les crimes... et où la justice était rendue immédiatement. C'est par exemple au pied de la chute d'eau, un peu au sud de là où nous nous sommes arrêtés, l'Oxararfoss, que, sous la domination Danoise, avait lieu la mise a mort -par immersion- des femmes infidèles et des sorcières, tandis que les hommes étaient décapités.
Pour le côté géologique de l'affaire: nous sommes allés marcher sur la dorsale atlantique, entre les grandes failles normales qui bordent le rift. La plus célèbre étant probablement l'Allmannagja, au pied de laquelle j'ai pris ces quelques photos.
Dans cette fissure, l'eau est à 2 degrés et extrèmement pure... la profondeur est d'environ 5-6m, mais comme vous pouvez le voir, les couronnes brillent, même au fond.
La plaine du rift, à gauche: l'Allmannagja.
toujours le rift et ses fractures...
La rivière Oxara le long de l'Allmanagja.
La suite des réjouissances se passe à Geysir. Rien que le nom vous évoque peut-être déjà quelque-chose... c'est ici que se trouvait le célèbre Geyser qui a donné son nom au phénomène. Il est maintenant hors d'activité même s'il lui arrive parfois de se réveiller quand un tremblement de terre ou une éruption viennent augmenter la pression dans la colonne d'eau. Il projetait autrefois sa colonne de vapeur jusqu'à 80m de hauteur. Son petit frère, le Strokkur (la baratte) se contente de 20m de haut, mais c'est déjà impressionnant... et puis le spectacle recommencant toutes les 10minutes environ, on ne va pas se plaindre. Souvent, sa surface oscille avant la remontée fatidique de la bulle de gaz... mais parfois, il s'amuse, il feinte: oscillations puis plus rien... ou alors, pas de signe avant-coureur et pfouf, ca souffle!
Alors, on attend tous, touristes transis (il ne fait que -2 degrés mais l'humidité ambiante et le fort vent qui règnent ici ne sont pas tendres pour les doigts), doigts crispés sur le déclencheur de l'appareil photo... à la première tentative, je n'ai que la colonne d'eau et de vapeur en l'air. A la seconde, la feinte a raison de moi, il explose sans prévenir et je ne prend rien, mais un remplissage très rapide de la colonne me fait pressentir que quelque chose ne va pas se passer normalement... et effectivement, le voilà qui éructe une deuxième fois et ma plus belle photo est prise: j'ai "la bulle". Celle qu'il y a 6 ans je n'avais pas réussi à prendre avec mon argentique.
Strokkur en pleine action
la fameuse bulle!
Mais ce n'est pas la seule attraction de ce petit champ géothermique... fumerolles, solfatars... Décidemment, la fumée qui court au ras du sol devant les paysages enneigés, c'est magique. Quant aux dépôts sulfurés et aux couleurs étranges vertes et ocres, elles tranchent encore plus que l'été sur ce fond blanchâtre de vieille neige.
N'oublions pas non plus le Blesi: ces deux bassins sont en communication mais si l'un est brûlant, l'autre est froid. La silice est donc dissoute dans le premier et en suspension (et déposé sur les parois) dans le deuxième, d'où les couleurs différentes.
La terre fume au pays des glaces!
Couleurs d'Islande... comme je les aime!
Nan trempant sa main dans le bassin froid du Blesi.
Et voilà, pour achever ce cercle doré nous aurions dû nous diriger vers Gullfoss, mais les abords de la chute d'eau sont parait-il gelés et il est trop dangereux de s'approcher, surtout avec un groupe. Nous repartons donc vers Reykjavik et le Bláa Lonið (den blå lagune, the blue lagoon, le lagon bleu).
Qu'est-ce donc? Une piscine en extérieur, remplie par l'excès d'eau de la station géothermique voisine... donc l'eau est chaude, pleine de silice... et nous voilà à faire trempette, la tête rafraîchie par la neige qui s'est mise à tomber et les visages maquillés à la boue de silice... On en ressort 1h30 plus tard, la peau douce et souple, rajeunis de 10 ans pour nous diriger vers le restaurant de l'établissement, d'où, vers 22h, certains (surtout mon chef) ressortiront dans un état que je qualifierais poliment de "passablement émêché". (ah ces nordiques! )
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